Armé d’une plume et de son encrier, l’homme, assis derrière son bureau digne du plus grand diplomate, s’attelait à toute sorte de paperasse. C’était là le lourd fardeau du chef de l’unité de l’ouroboros du village caché de la foudre. Suisen, le visage éclairé par la bougie qui éclairait, à elle seule, la pièce. La lumière qu’elle fournissait était bien assez suffisante à notre homme pour lui permettre de travailler. Ce n’était pas le moment le plus intéressant de son travail, mais il était un homme de lettres et n’avait d’autre choix que l’agencement administratif de son unité soit à jour. Chassé ceux qui avaient défié les hautes autorités du village était la seule mission de cette unité composé de ninjas aux dons héréditaires bien particuliers. Ces hommes et ces femmes n’étaient pas nés avec cette génétique en eux mais elle leur avait été transmise par l’usurpateur du nuage, Suisen. L’ancien déchu du clan Hakushi avait réussi, après de nombreuses années de travail avec l’unité des archives et de scellement du village, à accomplir cet exploit.
Apposant sa signature à de nombreuses reprises sur divers parchemins en toute genre, l’homme semblait ennuyé et désespéré rien qu’en regardant les innombrables parchemins qu’il avait à vérifier et à parapher. Cela faisait un moment que l’usurpateur n’avait pas fait parler de lui au-delà des remparts du village et qu’il était cloîtré au fin fond du quartier général des ninjas de Kumo pour administrer les conseils restreints et son unité. Il avait eu l’occasion d’exercer quelques missions dans l’ombre, mais rien de particulièrement compliqué et d’importance.
C’est alors qu’un ninja, vêtu de la veste traditionnelle des kumojins, vint interrompre notre homme dans son activité tannante, apparaissant au milieu de la pièce dans un petit nuage de fumée blanche, il dit d'une voix fébrile : « Monsieur, un homme dont la signature de chakra et le physique ressemblant fortement au sujet n°M01AKU30BBBYK a été repéré au large des côtes du pays, il y a deux heures environ. »

Sortant un petit carnet du tiroir de son bureau, sur sa droite, Suisen le feuilleta brièvement et trouva la feuille du sujet concerné. Pourquoi cet individu revenait sur les terres qu’ils avaient abandonnées ? A quoi aspirait-il ? Le moment tombé on ne peut plus mal, ou on ne peut mieux, cela dépendait du point de vue dans lequel on se plaçait. Aucun membre de son unité n’était disponible, certains déjà en missions et d’autres en permissions. Suisen acquiesça d’un sourire et fit signe au ninja de disposer d’un signe de la main. Rangeant attentivement son bureau pour que rien n’y traine et que tout soit à sa place – notre homme était quelque peu perfectionniste, il commença à infuser son chakra, éveillant ainsi son don sensoriel pour être en mesure de traquer le sujet.
L’usurpateur se vêtit de son haori et prit son katana, rangé dans son fourreau, en main avant de se diriger vers la porte de son bureau. Il prit son temps, marchant à travers les couloirs du quartier général, comme si l’affaire qui l’attendait ne presser pas.
Pourtant, le sujet en question avait fui sa patrie et connaissait des secrets sur le village, si l’ennemi, d’où qu’il vienne, arrivait à s’emparer du sujet et de ses secrets, le village courait un grave danger. Alors posté à une fenêtre, l’homme observa rondement le village, éclairé de milles flambeaux sous la nappe étoilée du ciel où seule une lune en croissant subsistait, puis il prit son élan pour se frayer un chemin de toit en toit à travers.

Approchant à grande vitesse des rives du pays, notre homme pouvait discerner très clairement une masse chakratique de type raiton se trouvant à quelques lieux de sa position. Dévalant les flancs de nombreuses montagnes et courant à vive allure à travers les sentiers et couloirs qu’offraient ces dernières, Suisen afficha un sourire lorsque soudain, l’homme à la chevelure d’or et à la musculature imposante, caractéristique de son clan, apparut au bout du chemin. Un précipice à sa gauche, une paroi rocheuse à sa droite et un chemin d’environ dix mètres de largeur sous lequel les deux protagonistes se tenaient. Fixant le sujet droit dans les yeux, ce dernier se tenant face à lui, l’usurpateur se mit en posture défensive et dit d’une voix grave et sinistre : « Yotsuki Kira, vous êtes accusé d’avoir déserté et rompu votre engagement envers Kumogakure no satô et Kaminari no kuni. Moi, Hakushi Suisen, chef de l’unité Ouroboros, vous condamne à un duel judiciaire à mort. Que les anciens et les nouveaux Dieux soient seuls juges de ta miséricorde. »

Lui ayant exposé les faits qui lui étaient reprochés, le ninja du nuage ne bougeait pas, attendant une réponse de sa cible.
D’après l’extrait du rapport de l’équipe de nettoyage chargée de passer derrière Kira, celle-ci aurait découvert divers indices laissant à penser que le ninja du clan Yotsuki n’était pas mort mais qu’il s’était même enfui. Un homme à la musculature athénienne ne devait pas être habile quand il s’agissait d’agir furtivement et de ne laisser aucune trace. Cela paraissait logique aux yeux de Suisen qui continuait à fixer son opposant.
Celui-ci semblait décontenancer face à la présence et à la puissance qu’inspirait notre homme. Après tout, l’écart était significatif, similaire à celui entre un agneau et un lion. Suisen, dont le nom n’était pas l’usurpateur pour rien, avait eu pour maître le Sandaime Raikage, père de l’actuelle ombre de la foudre. Les techniques du clan Yotsuki n’avaient donc aucun secret pour notre homme qui, d’avance, était amusé de les affronter de nouveau.
Soudainement, la cible prit la parole : « Pfff ... Alors vous faites tout ce chemin, uniquement pour me dire ceci ? Allons, allons, avant de user de nos poing. Parlez-moi plus en détail de votre unité. Il fit une pause. Je suis là pour ça ! »

Notre homme restait perplexe quant aux propos que tenait sa cible, que pouvait-il entendre par le fait qu’il était ici pour en connaître pour sur l’unité dirigée par Suisen ? Ce dernier ne comprenait pas le souhait qu’avait le nukenin de Kumo d’approcher l’Ouroboros, l’unité chargée de la chasse des déserteurs entre autre. Souhaitait-il se jeter dans la gueule du loup par amusement ? Peut-être éprouvait-il l’envie de revenir vers sa patrie ?
Une véritable énigme venait de se poser dans la tête de l’homme déchu du clan Hakushi. Pourtant, l’homme qui lui faisait face, dans un élan de courage ou de folie, on ne pouvait guère savoir, se mit en posture défensive, prêt à parer la moindre attaque venant de Suisen. La méfiance qu’il éprouvait à son égard prouvait qu’il semblait un minimum intelligent, ce qui fit sourire notre homme. Non pas un sourire heureux, mais plutôt un sourire empli d’un soupçon de sadisme et d’orgueil.
C’est alors que notre homme se mit à infuser son chakra brutalement, fixant toujours son adversaire, mais son regard avait changé, il s’était intensifié. L’atmosphère devenait pesante pour la cible, si pesante qu’il ne pouvait que perdre toute envie de faire face à l’obstacle qui lui faisait face. Une posture défensive ? A quoi bon. La fuite ? Impossible. Aucune solution viable ne s’offrait à lui alors qu’il était paralysé sous l’influence de la puissance chakratique de Suisen.
Quelques paroles purent être perçu dans ce chaos que Kira connaissait à cet instant : « Tu ne devrais pas employer certains mots aussi facilement, comment peux-tu croire que tu es capable de me faire face ? »

La voix grave et sinistre de Suisen fut comme un électrochoc pour sa cible, toujours paralysée. Elle résonna à plusieurs reprises au gré des montagnes, créant un écho terrifiant.
Sans attendre, notre homme usa du shunshin no jutsu, la technique du déplacement instantané, pour se retrouver juste devant sa cible, lame de son katana dégainée et pointée sous sa gorge. Approchant sa bouche de son oreille, le chef de l’unité Ouroboros lui susurra : « Finalement, je vais te laisser le choix. Soit tu rentres au village, passes devant le conseil et rejoint la brigade d’intervention musclée sous ma responsabilité et ma tutelle. Soit tu refuses et je me devrais de t’ôter la tête du reste du corps et de la rapporter à Kumo. »
Après tout, si le nukenin avait souhaité en savoir plus sur l’Ouroboros, c’est ce qu’il avait certainement envie de revenir à Kumo, sauf qu’il ne répondait pas aux prérequis de l’unité de notre homme. Cependant, la brigade d’intervention musclée, créée par le Sandaime Raikage, serait parfaite pour un homme de sa trempe. Il pourrait évoluer et sûrement s’épanouir auprès de ninjas ayant les mêmes qualités que lui et n’aimant que le combat.
Rompant le calme qui s’était installé pendant quelques secondes, Suisen désirait une réponse rapide et demanda : « Quel est ton choix ? »

La cible pétrifiée par la puissance et les pulsions que dégageait notre homme, celle-ci n’était pas en mesure de lui faire face. Suisen lui avait donné un choix à prendre et non des moindres. La cible ne correspondait guère aux attentes d’un membre de la brigade Ouroboros mais une autre unité était envisageable. Celle des interventions musclées, une unité fondée sous la directive du Nidaime Raikage qui avait pour seul objectif de détruire la cible qu’on lui proposait. Sous le seul ordre du conseil restreint, cette unité avait la force de frappe d’une armée entière et le clan Yotsuki avait fortement participé à la gloire de ses exploits.
Le membre déchu du clan Hakushi, aujourd’hui éteint, n’avait jamais rejoint ce corps d’armée, n’ayant jamais pu atteindre les conditions physiques et la puissance offensive nécessaire à la rejoindre. Mais il avait eu l’occasion de voir son efficacité sur un champ de bataille, le tout avait était rapide, sanglant et débordant d’énergies. Stupéfiant. Ce fut le mot utilisé par notre homme lorsqu’il vit la petite brigade composée d’à peine quatre hommes de cette unité venir à bout d’une vingtaine d’hommes d’une faction ennemie en quelques secondes.
Mais l’instant n’était pas à la nostalgie, l’instant était seulement tourné vers le choix de Kira. Celui-ci se devait de choisir au plus vite, Suisen n’avait pas la patience d’attendre. Sa cible, sous le joug de la lame appuyée sur sa gorge, sembla retrouver ses esprits. Il semblait avoir compris les paroles de notre homme et avait enfin pu faire un choix. Il semblait s’être trouvé un nouvel objectif, un but à poursuivre et à atteindre, ce dont il avait été dépourvu et qui l’avait conduit à finalement déserter. C’est alors qu’il répondit : « Mon choix est celui qui me fera grandir. Etre plus fort, pour une seule et unique chose. T'affronter un jour. J'accepte de passer devant le conseil et de rejoindre ta brigade. »

C’était donc ainsi, la cible avait donc choisi la vie. Ce choix n’était guère étonnant pour notre homme qui afficha à nouveau un sourire sadique. Enlevant sa lame de sous la gorge de Kira, il la rangea doucement dans son fourreau. Il n’avait pas pour autant arrêté d’infuser son chakra, voulant garder ses dons sensoriels en éveil et garder un œil sur l’homme qui allait le suivre jusqu’aux portes du village.
Se retournant, faisant face à la direction dans laquelle se trouvait le village caché du nuage, Suisen fit quelques pas. Son objectif avait été atteint, la cible avait été appréhendée et celle-ci recevrait le châtiment que le tribunal lui infligerait. Mais si Kira venait à trahir de nouveau… C’est ainsi que notre homme se retourna pour dire une dernière chose : « N’oublies pas, si tu viens à trahir de nouveau, je t’ôterai la vie sans aucune pitié. Dit-il d’une voix sérieuse et froide, avant de continuer plus calmement. Je vais prendre les devants et avertir les hautes autorités de ton retour. Ne fais pas parler de toi et ne me déçoit pas. »
Alors qu’il reprit sa marche, les premiers rayons du soleil émergeaient de l’horizon, transperçant la pénombre de la nuit et entourant notre homme, créant un spectacle magnifique aux yeux de la cible. D’un geste de la main, Suisen rappela à Kira de le suivre et il disparut à toute vitesse grâce au shunshin no jutsu.